Un regard parmi d’autres : “Claudia Tagbo – Lucky”

Lucky. Chanceuse, Claudia Tagbo l’est. Ou plutôt elle l’a décidé. Notamment après les terribles attentats du 13 novembre qui se déroulent dans son quartier alors qu’elle est en voyage. Depuis, toutes les journées de l’humoriste débutent par la même prise de conscience, la chance d’être en vie. Lucky. Un titre, comme une piqure de rappel pour les spectateurs qui ont la chance inouïe d’être en vie et qui oublient parfois de la savourer. Les plus entêtés à la fortune ont eu la chance de travailler leur veine dans un petit exercice concocté par l’humoriste, qui est parvenue de façon remarquable à faire s’époumoner Beausobre d’une seule voix : je suis chanceux.

Avec ce second spectacle, Claudia Tagbo annonce son envie de prendre le public par la main tout droit dans son univers et de lui transmettre véritablement qui elle est. Un souhait qui s’illustre dès son entrée sur scène. En toute sobriété l’humoriste récite le poème «Femme noire» de Lépoold Sédar Senghor, qui fait partie de son identité et sa culture africaine, sur le son du tam-tam joué par le multi-instrumentiste Julien Agazar épiçant agréablement la soirée. Un début fort en émotion donc, captivant, authentique, qui déroute avec la suite du spectacle, constituée de sketchs, entremêlé de poésie et de danse, pour finir sur un hymne à la bienveillance et au vivre ensemble. Un trop plein de propositions et de ruptures, ainsi qu’une absence de fil conducteur, qui a malheureusement perdu en route quelques spectateurs.

Avec son franc parlé, sa délicieuse attitude de diva, et très proche de son public, Claudia Tagbo livre tout de même une belle prestation. On retrouve ses fameuses envolées hystériques « Répondez-moi, on est pas à la télé ici!». On rit en écoutant les galères de son enfance dans une famille nombreuse qui aime la fête. « Dans une famille nombreuse, ce n’est pas comme au paradis, les premiers sont toujours les premiers ! ». On se reconnait lorsqu’elle évoque les pantoufles du matin placées dans le bon sens de la vie, soit celui de la douche. On se surprend à se moquer de son voisin bobo et sa pierre d’Alun, puis à s’imaginer en célibattante ou en célibâtarde.

A la sortie, le décalage reste pourtant à l’esprit de certains spectateurs. Entre les attentes des gens adeptes de Claudia Tagbo version stand-up, et la proposition artistique du soir mêlant humour, comédie, envolées lyriques et message de tolérance. Une petite amertume qui se dissipe grâce à la présence scénique et l’énergie contagieuse de l’artiste.

Marine
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