Le chorégraphe Po-Cheng Tsai et sa compagnie taïwanaise B. Dance, plonge dans le terrier du conte de Lewis Carroll, nous offrant ainsi une expérience hypnotisante s’éloignant résolument des adaptations classiques d’Alice au Pays des Merveilles. Oubliez l’univers Disney ou la version Tim Burton, la troupe propose une revisite du célèbre conte, mêlant avec brio les arts martiaux, la danse contemporaine et une esthétique envoûtante qui rappelle dangereusement le film The Matrix.
Mais patientons un instant à l’entrée du terrier, où des papillons virevoltent sur un écran au son d’une musique berçante. Ces derniers nous emmèneront en douceur dans un univers épuré et onirique. Le mystérieux lapin, tout à fait à l’heure, fait son apparition. Il sera rejoint par la principale intéressée, Alice. S’ensuit la totalité des personnages du conte de Carroll, le chat du Cheshire, le Lièvre de Mars et surtout un fier Chapelier Fou et sa longue cape noire en cuir manifestement empruntée à Neo.
Pour ce premier acte, on aura choisi la petite pilule bleue pour une plongée au cœur des rêves où tous les protagonistes guident Alice dans un monde qui joue avec les frontières oniriques. Une mise en scène à la fois féerique et maîtrisée dans laquelle évoluent des danseurs et des danseuses dans un joyeux désordre, mais où chaque mouvement est exécuté avec une précision et une technique maitrisée.
Changement d’ambiance pour le second acte, Alice a manifestement préféré la pilule rouge comme la Reine de Cœur. Des chorégraphies d’ensemble d’une intensité remarquable nous propulsent au paroxysme de la tension. Tel un toréador dans une arène ou d’un danseur de Paso Doble, le Chapelier Fou mène un jeu de cartes à la baguette. Dans une synchronicité absolue, les danseuses et les danseurs tiennent le public en haleine jusqu’au paroxysme de la tension. Et, dans un seul souffle, l’armée nous mène à la chute de la Reine de Cœur, mais sans qu’aucune tête ne soit coupée.
Alice retrouvera la sortie du terrier et nous celle de la (dure) réalité.