« C’est souvent lorsque les gens sont absents, qu’ils se révèlent être les plus présents », lance Brigitte Rosset, alors que Beausobre, hilare, se remet tout juste de son dernier jeu de mots.
L’absence qui ronge d’abord, lorsque que celle qui fête ses 30 ans de carrière raconte les traits attachants de sa mère qu’elle a perdue récemment. «Je lui avais promis que je ne la rejouerais plus sur scène », dit-elle avant de revenir au cœur du sujet : le récit de sa semaine de stage Jeûne et vitalité dans les Alpes, entourée de participants à la personnalité décalée.
La comédienne est seule sur scène, mais elle réussit avec brio à rendre présent les absents grâce à sa capacité à jouer plus de cinq personnages en simultané. Enchainant les postures, multipliant les expressions propres à chaque compagnon de jeûne avec une rapidité déconcertante, on jurerait que le coach Eric et sa mèche rebelle, son chien, la jeune professeure de yoga très «Woke », Monique la timide, ou encore son mari -qui ne comprend toujours pas pourquoi on dépense 2400 euros pour ne rien manger-, sont devant nos yeux sur la scène de Beausobre. Enrichissant l’absence d’un nouveau sens.
Originalité bienvenue, Brigitte Rosset ose révéler les coulisses de son jeu, diffusant un enregistrement sonore du réel coach dont elle s’est inspirée pour son personnage. Les traits se révèlent exagérés comme elle le confirme au public, mais l’âme d’Eric est bien la même, épatant. Au fil du récit de son aventure rocambolesque, les personnages des anciennes pièces de Brigitte Rosset s’invitent sur la scène, par le biais d’un jeu de lumière très réussi à chaque ouverture de porte. Et soutenant là encore l’exploration enrichissante de la comédienne de l’infime ligne entre présence et absence.