Francis Huster et Michel Leeb, l’auteur de la pièce, forment le duo de « Pigeons », Serge et Bernard. Les deux amis de longue date, qui partagent plus qu’ils ne croient, nous emmènent au cœur de leur amitié mais aussi des coulisses du monde du théâtre, révélant avec humour et tendresse les défis et les rivalités qui animent le quotidien des comédiens désormais seniors.
Dès les premières minutes, le public est transporté dans les méandres de cette amitié quelque peu aigrie à travers les anecdotes partagées et les taquineries qui ponctuent leurs échanges. Francis Huster, le ronchon, incarne avec une théâtralité débordante le personnage de Serge, tandis que Michel Leeb, le séducteur, apporte sa touche de naturel un brin prétentieux à Bernard. Les répliques et imitations fusent aussi rapides qu’un vol de pigeons affamés sur des vieilles miettes de pain.
Mais lorsque l’enjeu se fait plus sérieux avec l’arrivée sur scène d’un troisième personnage, la “colombicultrice”, la dynamique se trouve chamboulée. L’intrigue atteignant ainsi son paroxysme, revirement de situation, on vole dans un autre décor, pour une réflexion plus profonde sur la nature même du métier d’acteur. Nos protagonistes se rebellent et prennent le contrôle pour interroger l’importance de l’auteur, la pérennité des personnages qui ne meurent jamais et l’immortalité de l’art.
Et tandis que Serge et Bernard jonglent avec les mots et les émotions de leur auteur, on se demande finalement qui sont les vrais pigeons de la farce. Est-ce le public, captivé par le spectacle et prêt à se laisser emporter par la magie du théâtre ? Ou bien sont-ce nos deux compères sur scène, ou encore l’auteur lui-même, pigeonné par ses propres personnages ?