Normal

Par Pauline Peytregnet - 11.12.2025

Waouh ! OK… Par où commencer… Je tente l’écriture de cette chronique deux jours après avec voir vu la pièce de Jane Anderson, adaptée par Julie Delarme et Emmanuel Suarez : Normal, le temps de me remettre de mes émotions. Avertie que cette pièce était « belle », « à voir », « un coup de cœur », c’était peu dire. Je la qualifierais de « superbe », « nécessaire » et « bouleversante ». Bien sûr, ce n’est que mon avis et, au vu de certaines thématiques abordées, je sais d’expérience que pas tout le monde ne le partage. Mais je les ai vus, ces mouchoirs, apparaître les uns après les autres aux alentours et leur présence ne vient pas uniquement du rhume de saison.

À cette pièce, je m’y suis rendue avec ma mère (vous allez finir par connaître toute la famille). Je lui ai vendu le projet après avoir lu le synopsis : « ça va sûrement parler de tromperie et de réconciliation, les comédiens sont incroyables et c’est le coup de cœur d’Avignon 2024 ». Bon, cela ne parlait pas de tromperie, mais tout le reste était juste. Quel était donc le sujet ? Et bien, attachez vos ceintures : questions identitaires et de genre, changement de sexe, rapports avec l’église, cours d’éducation biologique, liens familiaux, amour et réconciliation (en très résumé).

Il faut un peu de temps pour que la pièce démarre. Une fois le rythme donné, il ne s’arrête plus et chaque nouveau tableau fait passer du rire aux larmes et des larmes au rire. Des scènes extrêmement bien jouées, et certaines d’une grande intensité, semblent avoir été pensées pour nous emmener au plus près de chacun des membres de cette famille dans le but de comprendre au lieu de juger. La scénographie est plutôt simple : quelques meubles et deux panneaux qui diffusent des vidéos des grands-parents et des dessins anatomiques, entre autres. Le texte et les jeux de rôle suffisent à faire le reste. Mon moment préféré ? Voir Lionel Abelanski assumer robe, perruque et talons, et le trouver magnifiquement beau.

Non sans grand étonnement, voici les premiers mots de ma chère mère en fin de spectacle : « et bien, je ne m’attendais pas à ça ». Un peu comme dans la vie finalement, attendez-vous à une chose faite d’une certaine façon, à un certain moment, de la part de certaines personnes, pour être sûre que cela n’arrive pas. Rien ne me paraît plus imprévisible que la vie, même si dans cette famille, l’avenir semblait tout tracé.

Je retiens une grande leçon de cette pièce, transmise avec brio par chacun des acteurs (vraiment ! Personne ne détonne) : être soi-même à un prix, qui n’est souvent pas celui que l’on pense et qui peut se partager avec les gens que l’on aime, si l’on essaie du moins, et si l’on s’habille de patience et de pardons.

Pas de standing ovation mais des applaudissements généreux et plusieurs bis. Puis, les gens se lèvent pour s’en aller. L’ambiance est étrange, comme après une tempête… La tempête Normal, qui fait s’envoler les feuilles sèches de nos croyances, qui retournent les objets du jardin de nos souvenirs, qui inonde nos yeux de vagues et ouvre nos cœurs à d’autres horizons (je l’espère). Le théâtre transforme, nourrit, éduque, libère… Allez-y !

Résumé de la politique de confidentialité

Le Théâtre de Beausobre s'engage à protéger votre vie privée. Contactez-nous si vous avez des questions ou des problèmes concernant l'utilisation de vos données personnelles et nous serons heureux de vous aider.
En utilisant ce site et / ou nos services, vous acceptez le traitement de vos données personnelles tel que décrit dans notre politique de confidentialité.

En savoir plus