Parle-moi d’amour : un duel amoureux à balles verbales

Par Sabine Regenass - 09.12.2025

Dans Parle-moi d’amour, Marie-Anne Chazel et Michel Leeb transforment leur appartement parisien design et cossu en véritable ring conjugal. À peine rentrés d’une soirée professionnelle où Monsieur a manifestement, comme à son habitude, un peu trop léché les bottes de son patron, la première balle fuse. Elle prépare une tisane, lui se sert un verre : le duel peut commencer.

Ce face-à-face tient du ping-pong émotionnel, un échange vif où chaque réplique est une balle liftée. Pendant une heure et demie, ce couple bon chic bon genre s’envoie les vérités qui piquent : ambitions assumées, sacrifices passés sous silence, jalousie mal placée et tromperie à peine dissimulée. Les mots claquent, les coups bas ne sont pas exclus, mais tout est joué avec une élégante férocité qui fait rire autant qu’elle dérange.

Dans cette joute verbale, Marie-Anne Chazel incarne une femme qui a donné trente ans à cette famille, parfois au prix de sa propre vie, tandis que Michel Leeb campe un homme obsédé par sa carrière, prêt à tout pour décrocher un poste à Washington. On est, à mon sens, dans le cliché assumé du couple de la génération de nos parents : elle qui s’est consacrée aux enfants, à la famille, lui qui s’est consacré au travail et à l’argent. Un modèle conjugal qui fonctionne (ou pas) sur le compromis, parfois sur l’aveuglement, souvent sur une répartition très genrée des rôles. Pour un public millennial ou Gen Z, ce duo peut sembler archaïque, presque incompréhensible. Mais c’est précisément ce qui rend la pièce intéressante : elle donne à voir une façon d’aimer, de se disputer, de rester ensemble, qui appartient à une autre époque et qui, sur scène, retrouve une vitalité étonnante.

Dans ce jeu de duel, Michel Leeb nous gratifie de ses grimaces légendaires, ses mimiques identitaires. Marie-Anne Chazel est aussi élégante en robe du soir noir qu’en pyjama chic à la yéyé. Difficile de ne pas reconnaître dans certains de ses gestes ou mimiques, un écho tendre de l’adorable Gigi dans Les Bronzés. Ensemble, ils s’amusent de leurs propres coups de griffe avec un plaisir palpable.

Parle-moi d’amour est une comédie de boulevard vive et mordante. Une pièce qui fait rire, bien sûr, et qui interroge sans lourdeur la façon dont on aime, dont on vieillit ensemble et qui rappelle que chaque époque invente sa manière d’être en couple. Ici, ce duo en duel nous rappelle que l’on se bat pour mieux rester ensemble.

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