En attendant Bojangles

Un regard parmi d’autres : En attendant Bojangles

Par Nina Rast - 06.11.2018

« Le temps d’un cocktail, d’une danse, une femme folle chapeautée d’ailes, m’avait rendu fou d’elle en m’invitant à partager sa démence. »

Adapter un roman best-seller comme celui d’Olivier Bourdeaut n’est pas une sinécure, mais c’est avec une grande maîtrise et beaucoup de sensibilité que Victoire Berger-Perrin a relevé ce défi, nous invitant à, nous aussi, partager cette démence.

Dès les premières minutes, le ton est donné : la folie est au cœur de l’histoire, et provoquera autant de joie que de tristesse, d’espoir que de doute, de rire que de pleurs.

La fête, ou « la fiesta » comme la désigne le fils, règne sur le quotidien de cette famille rythmé par la mélodie de Mister Bojangles de Nina Simone. Hortense, Pauline ou Elsa, cette femme exigeant chaque jour de se faire nommer différemment entraîne son mari et son fils dans une vie fabuleuse et insensée. Leur appartement à Paris mais aussi dans leur « château » en Espagne, où parade Mademoiselle Superfétatoire, une grue d’Afrique apprivoisée, est constamment rempli d’invités hors du commun, tel que le sénateur surnommé « l’Ordure ». Mais cette vie d’excès ne peut durer éternellement. Un jour vient où le réalité ne peut plus être rejetée, la fête ne peut plus continuer.

Père et fils racontent alternativement leurs souvenirs extraordinaires et leur présent malheureux avec la femme qui a fait de leur vie une histoire magique. L’amour littéralement fou entre ce couple laissera finalement un orphelin forcé à se confronter à la réalité d’une vie sans ses parents.

« J’allais pouvoir répondre à une question que je me posais tout le temps. Comment font les autres enfants pour vivre sans mes parents ? »

La pièce finement interprétée par Anne Charrier, Didier Brice et Victor Boulenger traduit la profonde complexité de ces personnages, et l’univers tout à fait unique du roman. En attendant Bojangles nous fait vivre cette histoire merveilleuse dont on ne peut ressortir que bouleversés.