« Encore un instant »

Par Pauline Peytregnet - 20.11.2019

Un appartement aux murs pastel donne le ton, couleurs indémodables, tout comme ces comédies françaises chaque saison à l’affiche. Un sofa, un fauteuil ainsi qu’une coiffeuse meuble la pièce à vivre. Violon et guitare pour nous introduire dans l’univers des propriétaires de ce lieu : un couple pas comme les autres. En effet, Suzanne vit avec le fantôme de son ancien compagnon, Julien. Alors que le quotidien des amoureux semble être plutôt tendre, on comprend vite l’enjeu pour Julien d’être mort et celui de Suzanne de le sentir toujours en vie.

Je ris des personnes qui s’invitent dans ce couple, ces gens qui prennent plus de place que de raison et qui font rire par leur lourdeur. Je souris de la jalousie de Julien qui ne peut laisser de place à ces personnes trop peu sensibles. La belle Laroque, attendrie par cette amour qu’on lui porte, laisse paraître sa douceur dans ce rôle de femme aimante et aimée. En effet, le cœur meurtri par la perte de son compagnon et l’âme tourmentée par cet amour désincarné, ses gestes laissent toutefois transparaître une tendresse à l’égard de cet amour éternel.

Si la venue de Michèle Laroque et de François Berléand me réjouissait, Lionel Abelanski et Vinnie Dargaud ne m’ont pas laissé de marbre. Jouant, entre autres, dans « Scène de ménage », M. Dargaud se voit ici attribuer le rôle d’un jeune homme de 20 ans, amoureux insistant de sa voisine. M. Abelanski (qui joue le frère de José dans cette même série) interprète un metteur en scène quelque peu farfelu. Avec hardiesse, il tente de convaincre Suzanne de jouer sa pièce. Je les ai trouvés tous deux investis d’une folie entrîinante jouée à merveille.

Quelle vie après la mort ? Restons-nous vivant dans la vie de ceux qui nous ont aimés ? Quelle place nous laissent-t-ils ? Merci à Fabrice Roger-Lacan et Bernard Murat de m’avoir donné encore un instant pour vivre ces questions, avec de la place dans le texte pour laisser vivre mes émotions, portées par la thématique de ce que peut être le lien à l’Autre : une ressource, un fossé, un mystère. Une comédie française qui m’a donné un instant pour penser, un instant pour rire, un instant pour être touchée au cœur.