Jacques Gamblin : Je parle à un homme qui ne tient pas en place

Par Aude Haenni - 05.02.2019

17 janvier 2014. Il y a Jacques Gamblin, derrière l’écran de son ordinateur. Et il y a Thomas Coville, qui tente un record du monde à voile.

Le premier écrit au second. Jour après jour. 18, 19, 20, 21, 22 janvier… La correspondance semble désespérément prendre la forme d’un monologue.

Comme nouvelles de l’extérieur, le spectateur suit sur l’écran géant un point jaune se déplaçant sur la carte du monde, soit la représentation d’un homme uniquement présent sur les mers.

Entre cours de tango, salles de théâtre pleines et reblochon du soir, Jacques Gamblin, lui, raconte sa vie, joue, danse, lance des clins d’œil à la salle. Tout en prenant des nouvelles de Thomas Coville, traçant des parallèles entre leur quotidien. Le quotidien de deux hommes qui ne tiennent pas en place.

La mappemonde traversant le jour et la nuit devient eaux mouvantes. Les images plongent Beausobre dans une réalité, celle de la solitude d’un navigateur. Puis arrive Hélène, la Sainte, la tempête, qui force à l’abandon. Jacques doit trouver les mots, continuer à l’encourager. Ose aborder la surévaluation, et même l’échec que l’on devrait somme toute considérer comme « la victoire à l’envers ».

« Ce que tu m’as écrit m’a sans doute transformé à jamais. »

La réponse de Thomas viendra enfin. Forte et poignante.

Bien que le retour sur terre soit agressif pour le spectateur, tant visuellement que sonore, c’est ce fameux point jaune, fil rouge de l’histoire, lien entre ces deux compères, qui deviendra le point final de ce seul en scène. Une première étreinte, loin des remous. Mais couverte d’applaudissements.