Le Fils

Par Aude Haenni - 26.02.2019

Auparavant souriant, le voilà triste, angoissé en quasi permanence. Nicolas, 17 ans, ne va même plus en cours, n’écoute pas ce qu’on lui dit et lance tantôt des regards haineux. Sa mère, chez qui il vit, ne gère plus la situation. Appel au secours au père qui, lui, a refait sa vie et partage désormais son quotidien avec sa nouvelle femme et un bébé. De par un divorce culpabilisant – et donc prêt à tout pour offrir à Nicolas un nouveau départ – il accepte d’accueillir celui qui désire quitter le domicile familial.

A travers une scénographie de parois coulissantes poétique et à coup de mélodies larmoyantes, on assiste à l’histoire de ces protagonistes, chez l’une, chez l’autre, à travers l’un, à travers l’autre. Anne, mère triste, dépassée et abandonnée. Pierre, avocat pressé qui pense que tout ira bien, toujours. Sofia, belle-mère fatiguée, délaissée, pourtant compréhensive. Et Nicolas, adolescent, centre de l’attention, pour qui la vie n’a plus aucun intérêt.

Même s’il lui arrive parfois de sourire, il se sent incompris au point de franchir le pas. Une première tentative de suicide qui l’envoie à l’hôpital où tous s’accordent à dire que le jeune est fragile. Mais que peut-on faire face à des parents aveuglés ? Face à l’obstination et au « tout ira bien » ?

Si certains versent une larme, d’autres – à mon image – restent de marbre: il demeure cette sensation d’assister à du théâtre de boulevard, version dramatique bourgeois. Intéressant certes, mais surjoué. Plus l’histoire avance, plus les longueurs et ce sentiment que tout semble téléphoné prennent le pas sur les quelques instants forts et précieux qui nous sont offerts. Il y aura fort heureusement ce twist final, ascenseur émotionnel bien loin du prévisible, qui permettra à tout un chacun de réfléchir, par delà les portes du théâtre, à sa manière d’agir, de réagir face à de telles situations.

Aude Haenni