Plaidoiries

Par Nina Rast - 20.02.2020

Plaidoiries s’annonçait comme une pièce de théâtre époustouflante, et je ne fus pas déçue.

Seul, Richard Berry entreprend de faire vivre au public de Beausobre cinq plaidoiries qui ont changé l’histoire. En effet, grâce au travail de reconstitution de Matthieu Aron, nous avons pu écouter les paroles des avocats qui ont non seulement marqué l’histoire judiciaire, mais qui ont aussi réussi à faire changer les mentalités d’une époque.

Plaidant pour l’acquittement d’une jeune avortée, Richard Berry joue Gisèle Halimi, qui avait fait de cette affaire un réel combat féministe, menant à la loi Veil trois ans plus tard. Les mots de cette avocate me touchent particulièrement, et résonnent aujourd’hui d’autant plus fort alors que ce droit est remis en question. L’habilité d’oratrice de Gisèle Halimi est impressionnante, et Richard Berry nous transmet toute l’émotion dont l’avocate avait dû témoigner durant cette plaidoirie emblématique.

Et cette émotion ne quittera pas l’acteur de toute la pièce. Passant de l’affaire Ranucci, au procès de Maurice Papon, mais aussi à l’infanticide de Véronique Courjault et la plaidoirie de Jean-Pierre Mignard, représentant les familles de Zyed Benna et Bouna Traoré, dans le contexte d’émeutes et de violences policières en banlieue de 2015, le choix de ces cinq plaidoiries semble éminemment politique et actuel.

A chaque début de plaidoirie, le contexte est donné, le nom des accusés, des victimes mais aussi de l’avocat sont cités. Et à chaque fin, le verdict est annoncé. Ces coupures permettent de bien séparer chaque plaidoirie, toutes importantes mais aussi très différentes. On voit apparaître plusieurs types de techniques de défense. La rhétorique des avocats paraît aussi théâtrale que le discours d’un acteur lors d’une pièce de théâtre, et c’est sûrement ça qui nous permet d’être pleinement plongé dans les discours historiques que récite Richard Berry.

Nina Rast