Zéphyr – Cie Käfig

Par Sabine Regenass - 28.02.2024

Si Zéphyr est, par définition, un vent léger, une brise agréable, la performance éponyme que nous a offert la Cie Käfig, tient davantage de la tempête émotionnelle.

« Zéphyr » est une ode à la liberté, un ballet incessant où les danseuses et les danseurs, telles des feuilles d’automne emportées par le vent, se battent contre les éléments. Sur scène, les corps virevoltent et se laissent emporter par un tourbillon qui nous captive et hypnotise. 

La répétition des mouvements, loin d’être lassante, instaure un rythme presque méditatif et évoque l’incessante lutte contre les forces qui nous entourent. Et pourtant, malgré cette bataille, une fluidité incroyable se dégage, une harmonie parfaite entre force et grâce qui nous emmène avec elle et nous attire au point qu’il devenait de plus en plus difficile de rester stoïque et calé dans notre fauteuil. Sans parler de la musique, qui n’est pas sans rappeler le genre de musique qui vous déclenche une avalanche de larmes sur Instagram alors qu’on regarde un raton laveur se brosser les dents. 

L’interaction entre hip-hop et danse contemporaine est un mariage réussi, où chaque style, chaque improvisation, répond et s’enrichit de l’autre, créant un langage corporel envoûtant. Fort heureusement, il y a tout de même quelques accalmies qui permettent de reprendre notre respiration retenue depuis le début du spectacle. Ma prof de Pilates n’a pourtant de cesse de me répéter: pas d’apnée Sabine!

Le tableau de la sirène, qui n’est pas sans rappeler le Boléro de Béjart, c’est un peu la cerise sur le gâteau, ou plutôt la perle dans l’huître. Avec sa grande robe rouge, elle envoûte non seulement les marins, mais aussi un public toujours aussi hypnotisé par ces instants de grâce qu’on ne croise qu’une fois tous les vents favorables.

« Zéphyr » est une tornade d’émotions! Et pourtant, j’en ai pris des vents dans ma vie, mais celui-ci est de loin le plus agréable. Il invite à se laisser emporter par le vent, à lutter, à danser, même face aux tempêtes les plus déchaînées et ne m’a laissé qu’une question: pourquoi n’ai-je jamais lutté assez fort pour reprendre la danse malgré les bourrasques de la vie ?